La gestion financière décentralisée

Le triomphe des croyances populaires

J’ai tendance à me méfier des conseils et recommandation que l’on retrouve en ligne concernant la finance. En général il s’agit de promotions à peine déguisées pour des produits ou services financiers. Si RBC me propose un article décrivant les “5 meilleures astuces pour mieux épargner” je sais d’emblée qu’ils vont essayer de me pitcher leurs services au moins une fois.

Par contre, je dois admettre qu’en matière de finance personnelle, les croyances populaires sont plutôt véridiques. Autrement dit, les conseils standards de finance personnelle sont généralement assez pertinents. 

Si je devais résumer ses conseils populaires, ca incluerait:

L’essence de la finance personnelle c’est l’optimisation de tes ressources financières pour améliorer et maintenir ta qualité de vie et celle de ta famille sur le long terme. En quoi consiste une bonne “qualité de vie” est différent pour tout le monde et une partie de ton travail est de déterminer ce que ca veut dire pour toi?

Plus de flouze?

Plus de biens matériels?

Plus de temps libre?

Plus d’expériences en famille?

Plus de bonheur?

Plus d’illumination spirituelle?

Que vises-tu?

Si tu ne fixe pas tes propres paramètres, tu cours le risque d'accepter les paramètres par défaut de la société, c’est à dire:

L’accumulation aveugle de la richesse

C’est pour cela que je recommande de réfléchir à ce que tu veux faire avec tes ressources financières et ce qui est important pour toi. Si tu en as peu ou pas, c’est d’autant plus utile d’y réfléchir à l’avance. Une astuce pour déterminer ton objectif financier est de commencer par déterminer ton objectif de vie. Oui je sais, c’est intimidant comme questionnement mais pour t’aider je vais lister les 3 catégories générales d’objectifs de vie dans lesquelles la plupart des gens se retrouvent:

  1. Atteindre un équilibre entre les facettes de ta vie. Celles-ci incluent généralement la santé, la vie professionnelle, la famille, la richesse matérielle, le développement personnel, etc.
  2. La poursuite de la performance ou de l’excellence afin d’atteindre les plus hauts sommets possible dans ton domaine. Ça peut être en termes de carrière, de richesse, de renommée, de connaissances ou de n’importe quelle autre sphère. Il s’agit de la voie des gens compétitifs qui ne sont jamais totalement rassasiés et qui recherchent toujours le prochain niveau et challenge.
  3. Avoir un impact positif sur sa famille, sa communauté, l’environnement, ou même l’humanité. Ce sont les gens qui veulent aider autrui soit directement ou indirectement et qui mesure leur succès en fonction de l’impact positif qu’ils ont sur les autres.

Déterminer son objectif stratégique de vie avant de fixer ses objectifs financiers est essentiel mais malheureusement c’est une étape qui est presque toujours ignorée dans le processus de planification. 

Faire des projections ou de l'ingénierie inversée?

Il existe 2 approche à la planification financière. Tu peux commencer avec ta situation actuelle et déterminer combien tu peux te permettre de dépenser et d’épargner, ensuite faire des projections pour le futur en fonction de tes revenus futurs.

Par exemple, si tu gagnes présentement 4000$/mois après impôts et que tes dépenses mensuelles s’élèvent à 3000$/mois, tu peux donc épargner 1000$/mois. Tu peux ensuite présumer un certain taux d’augmentation de ton salaire et de tes dépenses pour savoir combien tu auras accumulé à ta retraite.

La formule pour effectuer ce calcul à l’air de ça:

Mais voici une feuille de calcul qui te permet de calculer exactement combien tu auras épargné en fonction de: 

FV = la valeur finale de ton épargne

PV= le montant actuel de tes placements

PMT=les montants annuels épargnés

i= le taux de rendement annuel moyen de tes placements

n = le nombre d’année que tu comptes épargner

Cette approche est super si tu as un travail stable et des revenus prévisibles. Elle prends aussi en compte ton niveau actuel de dépenses à laquelle tu peux appliquer une trajectoire réaliste. Si tu veux mettre tes projections sur les stéroïdes, tu peux aussi appliquer un taux de croissance de ton épargne. En effet, si ta carrière se déroule bien, tu devrais pouvoir augmenter le montant de ton épargne au fil du temps.

La seconde approche consiste à commencer avec le montant final désiré et de déterminer combien tu devrais épargner pour arriver à ce montant. C’est ce qu’on appelle le “reverse engineering” que je traduis par l'ingénierie inversée.

Par exemple, si tu veux atteindre l’indépendance financière ou prendre ta retraite dans 20 ans tu peux utiliser le processus suivant:

  1. Calculer le coût de ton style de vie désiré
  2. Déterminer combien tu as besoin d’accumuler à la retraite
  3. Calculer combien tu dois épargner pour atteindre ce montant en 20 ans.

La méthode de l’ingénérie inversée donne une idée assez claire de ce que tu dois faire pour atteindre ton objectif. En revanche, si tu fixes un objectif trop agressif, ca peut te donner un résultat irréaliste. Par exemple, si tu gagnes 40 000$/an et que tu veux prendre ta retraite dans 10 ans, ca risque d’être un peu difficile…

Ton Revenu Mensuel Cible

Avant de plonger dans notre discussion sur le budget, calculons concrètement comment passer de ton style de vie actuel à ton style de vie idéal. Ton objectif est peut être plus modeste mais admettons pour le moment que tu veux atteindre l’indépendance financière.

Le revenu mensuel cible (RMC) est le montant que tu dépenses à chaque mois pour vivre ta vie idéale (mais réaliste). Même si tu n'utilises pas la méthode de l'ingénierie inversée, tu devrais quand même avoir une idée de ce chiffre. C’est ce que les startup appellent le “burn rate” donc combien tu brûles de sous par mois pour maintenir ton style de vie.

Déterminer son RMC est parfois difficile car les gens ont tendance à ancrer leurs attentes à leur situation actuelle. Je recommande d’utiliser la feuille de calcul fournie (faites une copie pour pouvoir modifier les cellules) pour déterminer tes dépenses actuelles et ensuite tes dépenses selon ton lifestyle cible. J’ai mis des valeurs quand même réalistes pour t’inspirer mais t’invites à commencer par un scénario YOLO pour voir et ensuite ajuster.

Optimisation

Tout problème d’optimisation consiste à jouer avec les variables pour maximiser (ou minimiser) le résultat. Dans un contexte de planification financière, voici un tableau illustrant les principales variables avec lesquelles on peut jouer. Le but est soit de maximiser son patrimoine futur, soit minimiser le nombre d’années avant d’atteindre l’indépendance financière.

 

Variable Description Valeur par défaut
Revenu mensuel cible ($) Combien tu dépenses mensuellement selon ton style de vie cible. Dépend du style de vie. Entre 2k et 10k pour le commun des mortels
Contributions à l’épargne($) Combien tu épargne chaque année ou chaque mois Le maximum possible. Au moins 10% de tes revenus
Fréquence Fréquence de l’épargne Mensuellement
Temps (années) Pendant combien d’années tu comptes épargner?  Au moins 10 ans
Croissance des contributions (%) Au fur et à mesure que tes revenus augmentent, ton épargne devrait aussi augmenter. Au moins autant que le taux d’inflation.
Rendement des placements (%) Performance annuelle moyenne de tes placements. 9% pour un portefeuille d'actions. Dépend de ta tolérance au risque.
Impôts (%) Impôts sur les revenus et sur les rendements. 50% pour les revenus élevés.
Inflation (%) Un taux d’inflation élevé diminue ton pouvoir d’achat futur. 2% 
Rendement sécuritaire (%) Le rendement sur tes placements une fois que tu as atteint l’indépendance financière ou la retraite. Les placements deviennent plus conservateurs donc les rendements sont plus modestes.  2%-4%

 

Pour simplifier les calculs, on peut présumer que l’inflation et le taux de croissance de tes contributions vont s'annuler. En principe, ton salaire croît environ au même rythme que l’inflation.

Présumons aussi que l'on travaille uniquement avec des montants nets d’impôts et que tu épargnes mensuellement. Cela nous laisse avec seulement 5 variables (le RMC, l’épargne mensuelle, le temps, le rendement des placements et le rendement sécuritaire).

Pour illustrer comment faire ses calculs par toi-même, j’ai utilisé la feuille de calcul pour résoudre quelques scénarios.

La première étape consiste à calculer ton budget mensuel cible. Combien as-tu besoin d’argent pour ton style de vie idéal? Pour les achats rares et plus importants tels que les voyages, diviser le montant annuel par 12 pour avoir un équivalent mensuel. Si par exemple tu comptes acheter une voiture à 50 000$ tous les 5 ans, divise ce montant par 60 mois pour avoir le montant mensuel que te coûte la voiture. 

Une fois que tu as une idée de combien tu as besoin, mets le montant de ton épargne actuelle et le rendement moyen de tes placements dans l’étape 2. La moyenne long terme des marchés boursiers Nord-Américains est de 9% mais si tu as un portefeuille plus conservateur avec des titres à rendement fixe par exemple, le rendement sera plus bas. Si tu gardes tout ton cash en dessous de ton lit, tu peux mettre 0%...

Ensuite, dans l’étape 3, le calcul de ton épargne mensuel sera effectué automatiquement pour atteindre ton objectif dans 10, 15, 20, 25, ou 30 ans.

Il est nécessaire de faire une petite parenthèse ici pour élucider un peu les maths derrière ces calculs. Après avoir expliqué les maths financières à plus de 1000 personnes à travers les années, j’ai réalisé que 90% des gens ont des présomptions erronées concernant le calcul de la retraite/indépendance financière.

La plupart pensent qu’il s’agit d’accumuler un certain montant et ensuite le dépenser au moment de la retraite en espérant mourir avant d’avoir épuisé ses réserves. Donc si tu as 1 million $ et que tu dépenses 50k $ par année, tu peux vivre pendant 20 ans (1M/50k = 20). 

C’est faux car tu continue d’accumuler des rendements même après ta retraite. À la base, l’indépendance financière veut dire que tu peux subvenir à tes besoins en utilisant uniquement ton rendement (dividendes, intérêts, gains) sans jamais piger dans ton capital. 

Voici un petit exemple pour illustrer le tout:

Disons que tu as déjà 10 000$ en placements et que tu as besoin de 6 000$ pour subvenir aux besoins de ta famille. Si tu veux atteindre cet objectif en 25 ans, tu dois épargner 1 500$ par mois (après impôts). 

Sur un salaire de 70 000$, et un taux d’impôt de 40%, tu disposes de 3 500$ par mois. En épargnant 1 500$/mois tu peux donc seulement dépenser 2 000$/mois si tu veux atteindre ton objectif.

Cet exemple illustre que même avec le revenu canadien moyen (le revenu après impôt médian est de 52 000$), il est possible d’atteindre l’indépendance financière. Si tu commences à épargner à 25 ans par exemple, tu peux, en théorie, prendre ta retraite à 50 ans.

En théorie

En réalité, la plupart des humains ne peuvent pas maintenir un régime d'épargne aussi discipliné. De plus, les canadiens ont tendance à utiliser leur épargne pour acheter une maison. L’immobilier n’est pas une classe d’actif qui augmente autant que les marchés boursiers donc le taux de rendement ne sera pas aussi élevé. Ceci a pour effet de retarder la date de retraite ou d’exiger une plus grande épargne. 

En parlant d’immobilier, il s’agit probablement d’un domaine ou il n’est peut être pas sage d’écouter les croyances populaires. L’une des raisons est que les gens confondent le fait d’acheter une résidence et d'être un investisseur immobilier. Pour la plupart des canadiens, acheter une maison ou un condo est un achat qui peut augmenter ta qualité de vie mais ce n’est PAS un investissement. Les maths immobilière sont expliqués plus en détail dans l’une de nos formations si ça t'intéresse.

Je suggère donc que tu t’amuses avec la feuille de calcul pour trouver ton sweet spot entre épargner, investir, et avoir un style de vie de pacha plus tard.

Le Budget

L’outil principal dont tu disposes pour gérer tes finances personnelles est le budget. Chacun utilise cet outil différemment et il n’y a pas de vérité universelle derrière l’art de tenir un budget.

Excepté peut être une vérité universelle: ne pas avoir de budget est stupide.

Même si tu ne respecte pas religieusement ton budget, tu en as quand même besoin pour savoir ou tu en es dans tes finances, et surtout ou tu vas. Je dépasse mon budget presque chaque mois mais au moins j’en suis conscient donc j’ai une petite voix qui tente de me raisonner lorsque je m’apprête à cliquer sur “add to cart” en ligne. Parfois je l’écoute, parfois non mais au moins elle est là.

Tel que mentionné, il n’y pas de règles universelle et le budgeting est similaire à un protocole d'entraînement: la plupart des approches budgétaires qui suivent le gros bon sens fonctionnent si ça cadre avec ton objectif stratégique et que tu y mets un minimum de discipline.

Mes règles budgétaires

Puisqu’il s’agit d’un sujet que j’ai longuement étudié personnellement et professionnellement, je vais partager mes propres règles en ce qui à trait au budget mensuel:

  1. Garder ça simple. Inutile d’avoir des millions de catégories de dépenses comme on retrouve dans plusieurs applications ou logiciels de budget. Regrouper les catégories similaires pour éliminer les sous catégories. La feuille de calcul mentionnée plus haut est un bon départ si vous ne savez pas comment catégoriser vos dépenses. 
  2. Il existe 2 catégories générales de dépenses: les dépenses essentielles et les dépenses discrétionnaires. Les dépenses essentielles incluent uniquement les achats de subsistence tel que la nourriture, le logement et les factures essentielles comme le téléphone et l’électricité. Il existe une zone grise donc tu dois te questionner sur ce qui est nécessaire et ce qui est superflu mais probablement que ton abonnement Netflix rentre dans les dépenses discrétionnaires.
  3. Avoir un fonds d’urgence de 3 à 6 mois de dépenses. Ce montant doit rester dans un compte séparé tel qu’un compte d’épargne et ne doit pas être investi dans des placements risqués ni bloqué dans un certificat de placement garanti (CPG). Tu veux pouvoir accéder rapidement à ces fonds en cas de besoin ou de catastrophe.
  4. La compartimentalisation des comptes. Par exemple, j’ai un compte de dépense dans lequel je transfère chaque mois juste assez pour couvrir mon budget mensuel. Cela me force à respecter mon budget. J’utilise une carte de crédit prépayée de telle sorte que s’il ne reste plus d’argent avant la fin du mois, je suis obligé de transférer de l’argent à nouveau. Cette friction additionnelle ajoute une barrière naturelle aux dépenses imprévues. Avant, je me trimballais  avec une carte de crédit avec une limite élevée. Je courrais donc le risque de faire un achat stupide et imprévu ce qui est tout à fait inutile. Si j’ai un gros achat à faire, je dois transférer l’argent avant donc c’est littéralement impossible pour moi de faire un gros achat impulsif. Je m’assure donc de ne jamais avoir des fonds facilement accessibles pour être dilapidé dans des achats imprévus et hors-budget. Cette règle peut paraître contre-intuitive car l’industrie financière tente de faciliter le plus possible les dépenses impulsives (découvert, cartes de crédits, marges de crédit, etc.)
  5. Les fonds excédentaire à mon budget mensuel sont investis. Je n’ai jamais compris pourquoi les gens gardent plus de 10 000$ dans leur compte chèque. C’est la définition même d’une mauvaise allocation du capital car cet argent pourri en récoltant des intérêts microscopiques pendant que l’inflation ronge tranquillement ton pouvoir d’achat. De plus, comme j’expliquais dans le point précédent, avoir des milliers aussi facilement accessible invite à la dépense impulsive et au gaspillage.
  6. Utiliser les dépenses discrétionnaires pour améliorer ma qualité de vie. Il s’agit ici de sélectionner une catégorie de dépense qui te procure du plaisir et de dépenser la dessus. Ensuite, il faut éliminer agressivement les dépenses discrétionnaires dans les autres catégories. Avant la COVID-19, j’adorais aller dans les restaurants donc mes dépenses discrétionnaires incluaient les restos. Par contre, je ne suis pas trop “fashion” donc mes dépenses en vêtements sont très limitées. Pour beaucoup de millenials, la catégorie voyages et expériences est la plus importante. Pour certains c’est leur char, d’autres c’est leur hobby. Si tu te rends compte que tu aimes dépenser dans toutes les catégories (vêtements, activités, voyages, voitures, accessoires, art, restos, etc.), je te suggère de lire attentivement la prochaine section.

La mentalité de consommateur

Avoir un budget, épargner et contrôler ses dépenses c’est bien beau mais il y a un autre concept qui à beaucoup plus d’impact sur l’atteinte de vos objectif financiers. Il s’agit de switcher d’une mentalité de consommateur à une mentalité d'investisseur.

Ça peut paraître anodin mais ce transfert de mentalité est une arme secrète qui, bien utilisée, peut augmenter ta qualité de vie. Selon mes observations en tant qu’ex conseiller en placement et coach de finance, les gens ont tendance à aborder la vie en tant que machine à consommer. En fait, j’aurais probablement toujours cette mentalité de consommateur si je n’étais pas devenu entrepreneur. En tant que propriétaire d’entreprise, tu te questionnes constamment sur les coûts et tu analyses instinctivement tous les produits et services pour déterminer quelles sont les marges de profits et quelles stratégies marketing sont les plus efficaces. Je vais aussi avoir tendance à enquêter sur les entreprises et déterminer s’il s’agirait d’un bon placement.

Par exemple, alors qu’un consommateur va chercher à déterminer s’il doit acheter la nouvelle Tesla ou non, je vais plutôt éplucher les états financiers de Tesla pour voir si la croissance projetée justifie la côte élevée de l’action en bourse.

Une mentalité de consommateur réfléchi en termes d’achats et l’argent constitue un moyen d’accumuler des produits et services. Poussé à l’extrême, cette mentalité voit la consommation comme une réponse à tous les problèmes et accepte volontiers de s’endetter pour acheter davantage.

Cette mentalité est aussi le moteur du tapis roulant hédonique (hedonic treadmill). Le concept du tapis roulant hédonique décrit le comportement de ceux qui comparent constamment leur niveau de richesse matérielle à leurs pairs. Lorsque tu passes d’un salaire de 75 000$ à 100 000$, tu upgrade ta voiture, ta maison et tes activités et ça te procure un petit boost de bonheur. Ce boost est de courte durée car tu te mets à envier le style de vie de ceux qui gagnent 200 000$ et le cycle continue.

Le phénomène du tapis roulant hédonique a été prouvé maintes fois et illustre que le niveau de richesse n’a aucune importance pour être heureux passé un certain montant (que certaines études situent à environ 75 000$ par année). Au-dessus de ce montant, ça devient une compétition contre ses pairs et chaque fois que tu dépasses ton voisin, tu as une mini satisfaction qui s’estompe de plus en plus vite au fur et à mesure que ta richesse augmente.

Ce phénomène est ce qui a poussé les générations précédentes (boomers, X) à s’acheter de plus grosses maisons, de meilleures voitures, et des vacances plus chères. Chez les milléniaux et les plus jeunes générations, le but est moins d’avoir le gros char de luxe mais plutôt de vivre des expériences uniques et intenses qui peuvent être partagées sur les réseaux sociaux. Le nouveau symbole de statut social c’est d’avoir voyagé dans des endroits reclus ou d’avoir back-pack à travers l’amazonie. Ce sont bien sûr des généralisations mais ce sont néanmoins des manifestations du tapis roulant hédonique.

En revanche, une mentalité d’investisseur ne réfléchit pas en termes de consommation mais plutôt d’investissement. Investir implique une attente d’un certain rendement futur. Par exemple, on peut dépenser sur des produits et services en fonction des bénéfices que cet achat nous apportera. Il s’agit ici de déterminer si le bénéfice qu’on retire de cette dépense en vaut la peine. L’alternative est d’investir cet argent afin d’atteindre nos objectifs financiers. C’est donc un équilibre entre obtenir le bénéfice maintenant ou obtenir un plus grand bénéfice dans le futur car l’argent investi aura le temps de croître. 

Cette distinction peut paraître subtile mais le seul fait de se poser la question sur les bénéfices qu’un achat nous procure peut permettre d’éviter beaucoup de dépenses inutiles. De plus, certaines dépenses ont un bien meilleur rendement que d'autres. L’éducation est un exemple de dépense qui offre un rendement élevé à long terme car une fois qu’on apprend un nouveau skill on peut l’utiliser perpétuellement. 

YOLO vs. le minimalisme

Ce n’est pas toujours évident de savoir ou est le sweet spot entre épargner au max ou dépenser aveuglément. Certains choisissent de devenir épicuriens et de se gâter dès aujourd’hui car la vie est courte et à quoi bon être vieux et riche alors qu’on peut profiter dans sa jeunesse?

Parallèlement, le mouvement minimaliste est de plus en plus populaire et plusieurs endossent un mode de vie frugal. Ce groupe méprise l’accumulation de bien et préfère une existence dépouillée de matérialisme. 

Si tu ne sais pas où te situer, je suggère de commencer par le minimalisme car c’est moins risqué donc c’est une base plus sécuritaire. Par la suite, tu peux graduellement te gâter un peu plus au besoin. C’est aussi une bonne idée d’avoir expérimenté le minimalisme car si un jour tu perds ton emploi ou tu éprouves des difficultés financières, tu sais que tu peux couper dans le gras et t’en sortir facilement.

Personnellement, j’ai commencé mon parcours de façon assez spartiate et minimaliste. Ensuite j’ai graduellement augmenté mon style de vie jusqu’à être assez profondément dans la zone YOLO. Ce voyage à travers le spectre complet m’a permis de savoir ou me situer et de déterminer mon niveau idéal qui incidemment est plutôt minimaliste.

Plan d’action

  1. Faire son budget mensuel actuel
  2. Faire son budget mensuel cible (scénario de rêve)
  3. Calculer le chiffre magique qui te permet de devenir indépendant financièrement
  4. Calculer le montant mensuel à épargner pour atteindre ton chiffre magique
  5. Identifier 1 ou 2 catégories de dépenses discrétionnaire qui te procure le plus de bénéfices et couper agressivement dans toutes les autres dépenses discrétionnaires
  6. Remplace ta mentalité de consommateur en mentalité d’investisseur. La prochaine fois que tu fais un achat discrétionnaire (non-essentiel), analyse attentivement la valeur que l’objet ou le service te procure. Penses aussi à un autre investissement que tu pourrais faire avec ce même montant.

En parlant d’investissement, il est probablement temps de plonger dans l’univers de la finance et comprendre comment ça fonctionne. Nous avons vu aujourd’hui comment gérer ses finances personnelles mais si tu ne sais pas comment placer ton argent intelligemment, tu ne pourras pas pleinement en tirer profit.